Les difficultés posées par la glace de mer depuis 2011 et en particulier au cours de la saison 2013-14, où pour la première fois depuis le début des expéditions en Terre Adélie, la glace de mer n’avait pas cédé avec la venue de l’été, nous avaient obligés à revoir tout le processus opérationnel du début de campagne.

 

Une première opération de débarquement sur la glace de mer avait été conduite avec succès en novembre 2014 (voir onglet débarquement sur la glace de mer en novembre 2014). La saison suivante, en 2015-16, les glaces de mer s’étaient évacuées avec l’été et il était possible d’espérer raisonnablement un retour des saisons d’été libres de glace. Il n’en a pas été le cas car 2016-17 a été la saison avec la débâcle la plus réduite depuis que l’accès à la région de la station Dumont d’Urville est régulier. En effet en 2016-17, le navire n’a jamais pu s’approcher à  moins de 60 km et encore, du cote Est de la station. Le coté Ouest n’a jamais débâclé complètement et est resté impropre à toute navigation toute la saison.

 

Devant cette situation, considérant que la solution d’héliportage a ses limites, il a été envisage très tôt, début 2017, de renouveler l’opération de novembre 2014 en surface mais en sécurisant d’avantage l’opération. En effet si les circonstances amenaient à débarquer dans l’Est il faudrait certainement franchir plus de rivières (rivières = rupture locale de banquise) qu’en novembre 2014.

 

Profitant de l’expérience de 2014, qui avait consisté à utiliser les traineaux à coussins d’air et les bâches de transport souples, tant pour leur qualités de basse pression au sol que pour leurs excellentes qualités de glissement en terrain plat comme la glace de mer, j’ai proposé de construire un attelage hybride composé d’une dameuse Kassbohrer PB 330 associée à deux traineaux à coussins d’air devant soutenir le véhicule. Comme le montre l’image. Le véhicule est connecté à l’avant par le support de lame. Le support de lame reste manœuvrant et peut être ajusté en permanence par le conducteur du véhicule. A l’arrière, le véhicue est porté le bras de maintien de la fraise. Le tout devant permettre à la fois un accouplement et une libération rapide des éléments.

 

Finalement, la débâcle estivale a commencé dans l’ouest et non, comme cela avait été craint, dans l’Est. Le bord de banquise de novembre s’est formé à 49km de la station. Profitant d’une période de beau temps, le repérage des rivières et les contrôles de sécurité consistant à tester l’épaisseur générale ont été effectués rapidement. Suivant l’exemple de novembre 2014, un dépôt intermédiaire à mi chemin entre la station et le navire a été créé et c’est 410m3 de carburant et 5 conteneurs qui ont été transférés en 10 jours de travail. Par la suite le dépôt a été évacué dans la semaine qui a suivi.

 

 

La débâcle a progressé très lentement et le système de transfert a de nouveau été utilisé à la rotation navire suivante, fin décembre. Les opérations avaient débuté à 43km mais une période de mauvais temps survenue au bon moment a alors ramené le bord de banquise à 13km de la station. Les opérations ont pu être conduites en 5 jours et c’est de nouveau 400 m3 de carburant qui ont été débarqués ainsi que 6 conteneurs et des colis en vrac non héliportables.

 

Le système dameuse / traineaux coussins gonflables a montré son efficacité pour le franchissement des rivières mais en outre il a également montré son efficacité en permettant de circuler sur les glaces de mer d’été traditionnellement gorgées d’eau de fonte provenant des couches neigeuses de surface.